Nader Ayache, lauréat du Prix du Cnap au FIDMarseille 2023

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Texte : Bienvenue dans La Renaissance. Le destin vous met sur le chemin d'une quête pour retrouver votre double : un musicien qui détient des pouvoirs incroyables.

Visuel tiré du film de Nader Ayache, La Renaissance, France | 2023 | 55’.

Nader Ayache est le lauréat du prix du Cnap de la 34ème édition du FIDMarseille pour le film La Renaissance.

Le jury était composé de Nino Laisné, Eva Giolo et Benjamin Cook.

Le prix doté par le Cnap a été créé en 2015 en partenariat avec le FIDMarseille, et est attribué à un réalisateur français ou étranger. Ce prix est décerné à une œuvre au sein de la sélection officielle du FIDMarseille, et vise à récompenser la dimension expérimentale de sa conception, sa réflexivité et ses capacités à questionner le monde et sa représentation.

Le film La Renaissance, était présenté en Compétition Premier Film. Nader Ayache est également lauréat du Prix du Jury Résidence Lago.

« Nader Ayache ne craint pas de mettre son corps à l’épreuve du cinéma. Il l’avait prouvé dans La guerre des centimes, où il parcourait avec témérité Paris à vélo, caméra dans une main, guidon dans l’autre. Là, c’est en homme-caméra, jambes-trépied et œil-objectif, qu’il incarne le double de Fadhel Messaoudi, maître de luth oriental laissé entre la vie et la mort par l’accident qui ouvre brutalement le film. Après ce début in media res, le réalisateur nous propulse dans un au-delà à la Chris Marker, où se retrouve le double du musicien, comme “réveillé dans un autre temps et né une seconde fois adulte” (La Jetée). Affublé d’un casque de réalité virtuelle, il est renvoyé sur terre par un curieux passeur portant de grosses lunettes noires, figure profane qu’incarne le cinéaste Jilani Saadi. Avec une grande économie de moyens, La Renaissance emprunte au cinéma de ce dernier un peu de sa grâce insolente et au jeu vidéo des éléments de sa grammaire. Il installe ainsi un dispositif fictionnel plein de ruses, nourri par la bricole et la débrouille, qui renouvelle l’écriture du portrait : une vision subjective, des étapes évolutives, un avatar. Celui choisi par Fadhel pour son double est Abou Hourayra, personnage éponyme d’un roman de Mahmoud Messadi, qui fait le récit d’un grand départ vers l’inconnu. L’aventure, ici prosaïque, faite d’images accidentées de trajets en métro et de marches dans un Paris morne et froid, est l’occasion de restituer avec tendresse le parcours tragique de Fadhel et les obstacles liés à l’exil depuis son arrivée de Tunisie. Exil aussi vécu par le réalisateur, qui, débarrassé des atours de la fiction, dévoile, en miroir de son personnage, ce qui semble être au coeur de cette Renaissance : un hommage à un artiste, un geste d’amour, et la possibilité, par le cinéma, de se réinventer. »

Louise Martin Papasian

Une Mention spéciale est attribuée à Maxime Martinot pour le film Le Sentier des Asphodèles.

Une main pointant un lieu sur une carte

Visuel tiré du film de Maxime Martinot, Le Sentier des Asphodèles, France | 2023 | 55’.

Le Sentier des Asphodèles était présenté en Compétition Française.

« Une carte se dessine par bribes à l’écran : celle du « sentier des asphodèles », une boucle de randonnée quelque part en Bretagne. Le temps d’un film, l’apiculteur Jean et le chien Léon parcourent le chemin en entier, la caméra dans leur sillage. Dès ses premiers pas, Jean se lance dans un soliloque follement inspiré, glose mi-mystique mi-burlesque de la démarche même du cinéaste : une exploration hirsute et foisonnante du territoire traversé par le chemin. Loin de se contenter de suivre le tracé linéaire, le récit multiplie les embardées, les haltes et les dérives, dans l’espace et dans le temps. Maxime Martinot et ses complices à l’image inventent une caméra animale, aussi furtive et aux aguets que Léon allant et venant de part et d’autre du chemin. Fragile beauté d’une image qui ne cherche à rien saisir mais se laisse séduire, attraper par tout ce qui passe. La marche suscite des rencontres, fortuites (un lièvre, des promeneurs) ou organisées (des éleveurs d’âne – au hasard). Le montage, impressionnant de vivacité syncopée, creuse des brèches dans l’épaisseur temporelle : Jean entend des voix lui parler breton, l’arrivée dans une ferme fait surgir des éclats d’archive familiale. D’une trouvaille à l’autre, Jean finit par devenir une version plus âgée de lui-même, qui lui prédit son avenir. Sans perdre de sa lumineuse légèreté, Le Sentier des asphodèles s’ouvre alors à l’horizon plus sombre du désastre écologique – disparition des abeilles et des derniers talus. Tout s’autoriser tout en suivant un chemin : c’est une idée de la vie et de l’habitation du monde qui prend corps le temps d’une promenade sur celui des asphodèles. Le territoire est beaucoup, beaucoup plus vaste que la carte. »

Cyril Neyrat

Complément d'information

Palmarès 2023

https://fidmarseille.org/festival/fid-2023/palmares2023/

Artistes

Nader Ayache
Maxime Martinot

Adresse

FIDMarseille

14, Allée Léon Gambetta
13001 Marseille
France

Dernière mise à jour le 25 juillet 2023